ENGLISH VERSION AT THE END
La véritable histoire du « Bikini »
Vous avez tous lu ou entendu les péripéties qui entourèrent la création du 1er Bikini en Juillet 1946, la guerre fratricide que se livrèrent Jacques Heim et Louis Réard, le scandale de la présentation du fameux maillot de bain à la piscine Molitor, l’anathème et les interdictions qui accompagnèrent ses difficiles débuts sur les plages, et bien sachez que si tout est presque vrai, rien n’est exact!
Pour démêler cet invraisemblable écheveau d’approximations et de contre-vérités, commençons par faire connaissance avec les deux protagonistes de l’affaire : Jacques Heim et Louis Réard.
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Jacques Heim naît en 1899 dans une famille de fourreur, ce qui va orienter le début de sa carrière de créateur, puisqu’il sera le styliste-fourreur de grands noms de la mode comme Paul Poiret, Coco Chanel ou Lanvin. Sa petite maison de fourrure de la rue Lafitte à Paris se transforme très vite en maison de couture et dès 1937, jacques Heim s’installe au 15 de l’avenue Matignon, une adresse plus en accord avec son nouveau statut « Haute Couture ». Couturier star des années 40/50, il sera le fournisseur officiel de deux « First Lady », Madame de Gaulle en France, et Madame Eisenhower aux Etats- Unis. Il terminera sa carrière en apothéose en étant nommé à la tête de la chambre syndicale de la « Haute Couture Française » de 1958 à 1962.
Ayant une boutique à Cannes et une autre à Biarritz, Jacques Heim s’intéresse également à la mode balnéaire et créé des maillots de bains deux pièces qui sont la grande tendance des années 40. Au printemps 46, il conçoit un mini maillot 2 pièces qu’il appellera « Atome », du nom du plus petit élément connu à ce jour-là. Le slogan publicitaire est : « Le plus petit maillot de bain du monde« , notre histoire commence…
Maillot 2 Pièces 1940′ de Jacques Heim
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Louis Réard est né à Lille le 10 Octobre 1896. Sa famille était dans la confection depuis plusieurs générations et c’est tout naturellement qu’après la guerre de 14-18 (après un très court passage peu convaincant chez Peugeot comme styliste) qu’il rejoindra sa mère à Paris qui tient une fabrique de pull-overs. En 1928, il est reconnu pour être un spécialiste de la maille, et va s’intéresser dès les années 30 au marché prometteur du maillot de bain et du balnéaire.
Nous retrouvons ensuite les traces de notre créateur en 1946, à presque 50 ans. Louis Réard est annonceur et sponsor de « La Finale du concours de la plus jolie baigneuse« , l’heureuse élue recevant le trophée « la coupe Réard« . Les places sont à 100 et 200 francs et sont à retirer directement à la piscine Molitor où se tiendra la finale, au journal « Cinémonde » qui couvre l’événement, ou chez Réard au 47 rue de Clichy à Paris. Ce concours de beauté se tient dans le cadre de « La Fête de l’Eau« , événement parisien annuel, qui est une institution depuis 1929, date de l’inauguration de la célèbre piscine.
Mais avant de vous parler de la journée du 5 juillet 46, date officielle de la naissance du célèbre maillot, voyons ce qui s’est passé le 1er juillet. Moins d’un an après les terribles explosions nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki, qui avaient fait plus de 250 000 victimes et contribué à terminer la guerre, les américains font exploser «Able», une autre bombe atomique, dans le cadre d’un programme de recherche et développement. L’explosion a lieu dans les îles Marshall situées dans la Pacific sud, très exactement sur l’atoll de Bikini. Le 1er juillet au matin, les « unes » des journaux de tous les pays ne parlent que de cela. Pendant de nombreux jours, l’explosion de cette nouvelle bombe atomique et le nom de Bikini seront sur toutes les lèvres, dans toutes les têtes.
Explosion de la bombe nucléaire « Able » sur l’Atoll de Bikini
Premier coup de génie de Louis Réard, s’approprier le nom du petit atoll. Son mini maillot de bain deux pièces n’a pas encore de nom, son concurrent Jacques Heim a baptisé le sien « Atome », pour lui, ce sera donc « Bikini ». Louis Réard ne le sait pas encore, mais il vient, sur une simple idée, de rentrer dans l’histoire de la mode.
Le 5 juillet 1946, piscine Molitor 15 heures 30, la fête de l’eau commence et les défilés de jeunes filles en maillots battent leur plein.
Les trois membres du jury, qu’on n’appelle pas encore « people », s’efforcent de départager les participantes tout en faisant le show pour les nombreux photographes et les quelques caméras des actualités cinématographiques naissantes. Il y a là Andrex, un chanteur populaire célèbre, et deux actrices, Madeleine Sologne, vamp platinée de l’époque, connue pour son rôle dans le film culte « L’Éternel retour » aux côtés de Jean Marais, et Paulette Dubost, l’inoubliable interprète de Lisette, la petite femme de chambre dans « la règle du jeu », le chef d’œuvre de Jean Renoir.
En marge de ces défilés et de toutes ces animations, une charmante demoiselle apparaît soudain sur le bord de la piscine, elle porte un très petit maillot deux pièces, d’un style encore inconnu. Ami de longue date avec Henri Varna, le directeur du Casino de Paris, c’est évidement à une de ces danseuses que Louis Réard a confié la délicate mission de présenter le plus petit maillot de bain jamais fabriqué. C’est donc Micheline Bernardini qui affronte les nombreux photographes et les caméras d’actualités.
Micheline Bernardini présentant le « Bikini » Louis Réard et la petite boîte « Bikini »
Si le soutien-gorge de ce premier bikini est petit, il est presque dans la normalité de ce qui est déjà connu, par contre pour le bas, c’est une révolution. Alors que jusqu’ici, tous les deux pièces avaient une culotte montante cachant le nombril, celui-ci ne cache presque plus rien. Un petit triangle de tissu pour le devant, un plus petit triangle encore pour l’arrière, et pour réunir les deux pièces, un cordon serré sur les hanches, qui sont complètement dénudées. Dans les mains du mannequin, une petite boite carrée, d’environ 5 centimètres sur 5, le packaging du sulfureux « Bikini ». Pour terminer la description, le tissu est un « Newspaper print », patchwork de coupure de presse, concept inventé en 1935 par Elsa Schiaparelli et qui fera aussi les beaux jours des collections de John Galliano dans les années 2000.
Il est à noter que quand on découvre les fesses dénudées du mannequin, on est en droit de se poser la question:est-ce que Louis Réard, en plus du Bikini, n’aurait pas inventé aussi le string ?
Pour continuer de démêler le vrai du faux dans cette affaire, il faut regarder attentivement, les deux sources cinématographiques de l’événement, les archives INA et celles de Gaumont Pathé. Quand Micheline Bernardini fait la présentation du nouveau maillot de Louis Réard, les photographes et les cameramen se bousculent…à l’autre bout de la piscine, du côté du jury et de la remise des prix. En réalité, la présentation du Bikini se fait presque dans l’indifférence générale, et seuls les photographes recherchant quelques images croustillantes de baigneuses presque nues sont intéressés par cette animation inattendue. Dans la presse du lendemain, c’est la même indifférence, personne ne parle de cette présentation, et quand on en trouve trace, c’est pour ne parler que du concours de la plus jolie baigneuse, dont Louis Réard est totalement absent. Une exception tout de même pour France Soir, une petite photo pour un petit article en pages intérieures, mentionnant « Le maillot le plus original s’appelait Bikini, ce n’est pas son nom d’ailleurs qui en fait son charme… »
Dans les mensuels et les journaux de mode, même chose, l’événement est passé à la trappe, et Louis Réard qui est déjà persona non grata dans le petit monde de la mode, se trouve définitivement blacklisté par un milieu très fermé qui trouve ce petit boutiquier décidément bien vulgaire. Le fameux Bikini rentrera à tout jamais dans sa petite boite et plus personne ne reverra, même chez Réard, un maillot de bain aussi petit.
Le 5 juillet sera l’unique sortie du mini deux pièces, la présentation du Bikini est donc ratée, et ce ne sont pas les slogans comme « plus petit que le plus petit maillot de bain du monde » qui fleure les cours de récréation, ou « fournisseur des plus grandes vedettes du monde » qui y changeront grand-chose.
Il faut se rendre à l’évidence, la présentation du Bikini est un flop, pire, ce n’est même pas un scandale, contrairement à tout ce qui sera écrit dans les décennies suivantes.
De nombreuses fausses informations entretiendront le malentendu, souvent inventées par Louis Réard lui-même, comme le refus des mannequins professionnels à porter son Bikini, sa vente dans une boîte d’allumettes, la capacité du Bikini à passer entièrement au travers d’une alliance, la boutique de sa mère près des Folies-Bergères, son diplôme d’ingénieur en automobile, ses succursales à Londres, New York, Los Angeles, etc… Tout est faux !
Pourtant, le temps va faire son œuvre et jouer pour la renommée du Bikini…
Louis Réard qui est sûr de son talent, va avoir un deuxième coup de génie. Persuadé que les femmes n’ont qu’une envie, être les plus dévêtues sur les plages, il compte venir à leur rencontre pour leur proposer ses collections balnéaires. Et pour se faire il va investir dans le marketing événementiel.
Il fait réaliser à grands frais chez le carrossier Chapron, une voiture-bateau, mi cabriolet, mi Chris-Craft, qui le fera remarquer. Henri Chapron, qui, entre autre, est le carrossier de l’Elysée, puisqu’il a conçu une DS présidentielle pour le Général de Gaulle et une Citroën SM cabriolet pour le président Georges Pompidou, va lui concevoir un véhicule hybride sur la base d’un cabriolet « Packard Super Eight » de 1938.
La Packard boat – Photo Hans & Rosemarijn Atalante Veenenbos – Crankhandleblog
A partir de l’été 48, Louis Réard, habillé en yachtman, fera la tournée des plages à bord de ce fabuleux « bateau », avec sur la plage arrière, une Pin-Up dans un somptueux Bikini Réard en lamé. Ce véhicule remportera le grand prix toutes catégories de la fédération française de publicité.
Collection Nuits de Satin – Bikini en lamé doré de Miss Réard 1948 – Molitor 5 Juillet 2015
Le succès est au rendez-vous et les affaires marchent, une boutique est ouverte dans un quartier prestigieux au 9 de l’avenue de l’opéra à Paris et un revendeur américain distribue la marque à Los Angeles, au 1041 Bronxton Avenue, ce qui permet de rebaptiser la marque « Reard of California»….
Mais au début des années 50, le mot « Bikini » n’est pas encore rentré dans le langage commun. Il est toujours boudé par les médias et il faudra attendre 1953 pour qu’une autre bombe éclate, sur la plage du Carlton à Cannes pendant le festival du film et contribue enfin à faire de Bikini un nom commun. Brigitte Bardot qui accompagne son mari Roger Vadim, se prête de bonne grâce à une classique séance photo dite « de starlette ». Elle pose en Bikini blanc à fleurs sous les objectifs de très nombreux photographes, certes ce n’est pas un Réard, mais tout le monde ne parle que du Bikini de BB. Le Bikini est vraiment lancé!
Brigitte Bardot sur la plage du Carlton de Cannes en 1953
Cette renommée internationale aurait dû profiter au créateur, mais il n’en a rien été. Louis Réard essaie d’interdire l’utilisation médiatique du mot Bikini dans les rares journaux de mode qui parlent de son invention (voir annexe), et bien entendu essaie d’interdire son utilisation commerciale. Peine perdue, l’histoire est en marche, Louis Réard n’y pourra plus rien, son invention lui a échappé. Le bikini est entré au dictionnaire, mais surtout il est rentré dans les mœurs.
Épilogue :
Ayant vendu son entreprise en 1979, accompagné de sa femme, il se retire en Suisse en 1980. Louis Réard aura durant toute sa vie, rêvé de faire partie du Gotha et de fréquenter des célébrités. Il faudra attendre son décès en 1984 et sa dernière demeure au cimetière du Bois-de Vaux à Lausanne, pour que son rêve se réalise. Enterré aux côtés d’homme célèbres tels que Pierre de Coubertin ou Eugène Viollet-le-Duc, il aurait certainement apprécié de savoir qu’il serait aussi voisin de Gabrielle Chanel, l’ironie du destin réunissant à tout jamais, la petite robe noire et son bikini au firmament de la mode.
Texte : © Patrice Gaulupeau/Nuits de Satin
Plaque émaillée « Louis Réard » certifiant l’origine du Bikini
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Annexe : L’Officiel de la mode N° 624 1976
Dans notre N°622, nous avons par inadvertance, employé le mot Bikini, pour désigner un article de la maison Givenchy. La maison Réard, 9 avenue de l’Opéra, spécialiste des maillots de bain une et deux pièces, nous rappelle qu’il est absolument interdit de se servir du terme Bikini ou de ses dérivés pour désigner un article quelconque qui ne soit pas de sa propre fabrication.[..] Louis Réard est donc le seul et unique propriétaire de la marque déposée, n’ayant jamais accordé de licence à quiconque.
PS :
Nuits de Satin recherche toutes informations, documents, catalogues, courriers, etc…, qui permettraient d’enrichir la bio de Louis Réard, D’avance merci !
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The real story of « Bikini »
Everybody heard about the vicissitudes that surrounded the creation of the 1rst Bikini in July 1946, the fratricidal war engaged between Jacques Heim and Louis Réard, the scandal rousing from the presentation of the famous swimming dress in Molitor Swimming Pool, the anathema and proscriptions which were pronounced at the time of its less than easy start on the beaches …so … well if everything is nearly true…nothing is accurate!
In order to clear up this bunch of approximations and untruths, let’s first become acquainted with the two protagonists of the story: Jacques Heim and Louis Réard.
Jacques Heim was born in 1899 in a furrier family, and this oriented his carrier of creator to be furrier stylist for the big fashion names such as Paul Poiret, Coco Chanel or Lanvin. His tiny fur shop located rue Lafitte in Paris soon became a fashion house. In 1937 Jacques Heim moves to N° 15 Avenue Matignon, an address fitting his new “Haute Couture” status. Couturier star in the years 40/50, he becomes official supplier of two “first ladies”: Madame de Gaulle in France and Madame Eisenhower in the United States. His carrier climaxes as Head of the Trade Union of the “Haute Couture Française “from 1958 to 1962.
By keeping a shop in Cannes and one in Biarritz, Jacques Heim is also interested in seaside resorts fashion and creates two piece- swimming suits which become very fashionable during the years 1940. During the spring 1946, he creates a mini two piece- swimming dress he will name “Atome” in reference to the smallest element known at that time. The advertising catch phrase is: “The smallest swimming dress in the world “… here is the beginning of our story…
Maillot 2 Pièces 1940′ de Jacques Heim
Concerning Louis Réard, we hardly know anything. He was born in 1896 and it is said he was an automotive engineer with Renault or Peugeot? Despite his profession, he was handling his mother’s shop in Paris, close to Folies Bergères …or in Lille??? This does not make sense. No information, no photos, no interview and lot of confusion.
However we finally see his markers of creator (designer) in 1946, at a time when he is nearly 50. Louis Réard is advertiser and sponsor of the “Finale of the prettiest female bather contest“; the winner receiving the trophy “la coupe Réard”. Tickets are sold 100 and 200 Francs and can be purchased either directly at the Molitor Swimming Pool where the contest will take place, or at the “ Cinémonde “ newspaper offices covering the event , or at Réard , 47 rue de Clichy in Paris. This contest takes place during the famous “ la Fête de l’Eau “ which has been an institution since 1929, date of opening of the famous Molitor Swimming Pool.
But, before focusing on the day of July 5th 1946, official birth date of the famous swimming dress, let’s see what happened during that day of July 1st. Less than one year after the terrible nuclear bombs have been dropped on Hiroshima and Nagasaki resulting in more than 250 000 victims and contributing to the end of the war, the USA conducted another Atomic Bomb test by dropping“Able” in the frame of a Programme of Research and Development. The explosion takes place in the Marshall Islands, South Pacific, and more exactly on the Bikini atoll. On July 1st in the morning, the front page of all newspapers of the world reports this news, and during the next days, the explosion of this new bomb and the name “Bikini” will remain graved in all minds and be on everybody’s lips.
There comes Louis Réard’s 1st brilliant idea: to appropriate the name of this small atoll. His mini swimming dress is still unnamed; competitor Jacques Heim has given the name “Atome” to his , so it will be “ Bikini”. Without knowing it, thanks to this simple idea, Louis Réard enters the fashion history.
On July 5th 1946, in the Molitor Swimming Pool at 3.30 pm, the water festival begins and the fashion show of young girls in swimming dress is on full swing.
The three members of the jury –who at that time are not yet called “people” – do their best to give the casting vote while making the show for the many photographers and some cameramen for the emerging cinematographic news programmes. We have there Andrex, a famous popular songs singer and two actresses, Madeleine Sologne , platinum blond known at that time for her performance in the cult movie “ l’éternel retour” co-starring with Jean Marais , and Paulette Dubost, the unforgettable Lisette , the maid in Jean Renoir Masterpiece “ La règle du jeu “.
Besides those shows and numerous entertainments, a charming young lady suddenly makes her appearance on the borders of the swimming pool. She is wearing a tiny two-piece swimsuit of unprecedented style. The legend (which has yet to be confirmed like all legends) says that none of the models wanted to wear such a short swimsuit. This led Louis Réard to go seek dancers from the Casino of Paris as they were used to wearing even more shocking outfits on scene. Micheline Bernardini thus had the honor of wearing Réard’s sulfurous ‘Bikini’ and face the numerous photographers and news cameras.
Micheline Bernardini présentant le « Bikini » Louis Réard et la petite boîte « Bikini »
If the bra of this first Bikini is small, it is nevertheless within the normal range of the time, BUT for the bottom part, this is a revolution! Whereas until that time, all the 2 piece costumes had high breeches covering the navel, this one uncovers nearly everything. A small triangle for the front piece and an even smaller one for the back piece, and to tie them up a string tighten on the entirely naked hips. The mannequin holds in her hands a 5cm big square box, for packaging the sulpherous “bikini” . To end up with the description, the fabric is made of “ Newspaper print “, a patchwork of newspaper cuttings, a concept invented in 1935 by Elsa Schiaparelli which will still be a hit in the collections of John Galliano during the years 2000.
There is of course a question , when seeing the model’s naked buttocks : in addition to the bikini, didn’t Louis Réard invent also the string?
In order to continue clearing up the story, one has to look closely at the two cinematographic sources available for this event: the archives from both INA and Gaumont Pathé. When Micheline Bernardini is presenting the new bathing suit by Louis Réard, the photographers and cameramen rush …towards the opposite end of the swimming pool, where the jury remits the awards.
In fact, the bikini is unveiled amid near shear indifference, except for a bunch of photographers looking for spicy pictures, surrounding the nearly naked woman, are interested by this unexpected animation. On the following day, the same indifference is shown in the press, nobody mentions the bikini unveiling, some few refer to the competition for the most beautiful bathing girl, but not a single word about Louis Réard. One exception for “France- Soir” magazine, with a small picture in inner pages mentioning “the most original piece was the so called “Bikini” , however his charm doesn’t lie in his name… “In the magazines and fashion reviews, same thing , the event is totally ignored; Louis Réard, already “persona non grata” in the small fashion world is definitely “ blacklisted” by this very closed circle which finds the small shopkeeper decidedly too vulgar. The famous bikini will enter back in its tiny box and nobody will ever see again, even in Réard shop, such a small bathing suit…
One must be realistic : the bikini unveiling was a failure and none of the slogans such as “smaller than the smallest bathing suit in the world “ (more fitting playgrounds) or “ provider for the greatest stars in the world “, will make a change.
July the 5th will be the only day of appearance for the mini two piece swimming-suit by Réard. The famous bikini will be put back in its tiny box forever. Louis Réard himself will never dare to design such a tiny bikini another time.
However, time will do its job for the bikini to become popular…
Louis Réard, confident in his talent, will have a brilliant idea for the 2nd time. Convinced that women have only one idea which is to be the most undressed possible on the beach, he finds a way to come to them and offer them his seaside collections. To this aim, he will invest in event-driven marketing.
He invests a lot in the creation by car bodyshopper Chapron of a car-boat , half cabriolet half Chris –Craft which will render him very visible. Henri Chapron, who designed a presidential DS for General de Gaulle and a Citroën SM Cabriolet for President Georges Pompidou, will invent for him an hybrid vehicle on the basis of the model “ Packard Super Eight “ dating from 1938.
From the summer 1948 on, Louis Réard, dressed as a yachtman , will go beach after beach with this fabulous “boat” always accompanied at the rear seat by a pin up in a wonderful Réard gold fabric bikini. This vehicle will receive the 1st price all categories from the French Advertising Federation.
Bikini Reard – Nuits de Satin Collection – Photo Martial Lenoir
This time, success has been achieved and business is going well; a shop opens in a prestigious district , number 9 Avenue de l’Opéra in Paris and the brand is distributed in Los Angeles , 1041 Bronxton Avenue, which enables him to name his brand “ Réard of California”…
Nevertheless, in the beginning of the 5Oth, the word « bikini » is not yet part of the common language. It is still ignored by the media till another bomb explodes on the Carlton beach in Cannes during the Film Festival and, at last, opens the way for bikini to become a common name.
Brigitte Bardot, who is there with her husband Roger Vadim, agrees to a classic photo session as a “starlet”. She wears a white bikini with flowers and is shot by many photographers; although this piece is not from Réard, the Bikini is definitely launched!
Brigitte Bardot on Carlton Beach – Cannes in 1953
This international renown should have benefitted the creator, but nothing is less true. Louis Réard tries to prevent the use of the term “bikini” in the few fashion medias mentioning it, as well as its commercial use..to no avail. The history is going forward, Louis Réard cannot go against the tide; his invention escaped from him. The bikini enters in the dictionary, but, even more, the bikini has been adopted by everybody.
Epilogue
After having sold his company by the end of the 70’s, Louis Réard retires in Switzerland with his wife. During all his life he dreamed of belonging to the Gotha and be in contact with celebrities. But he will have to wait until his death in 1984 and his last stay in the cemetery of Bois de Vaux in Lausanne for his dream to become true. Buried not far from celebrities such as Pierre de Coubertin or Eugène Viollet- le –Duc, he would have appreciated knowing he would also be neighbor with Gabrielle Chanel, the irony of destiny unifying forever the small black dress and his bikini to the acme of fashion.
Enamel Plate certifying the origin of Bikini
Texte : © Patrice Gaulupeau / Nuits de Satin
Annex: l’Officiel de la Mode N° 624 1976
In our publication N° 622, we employed wrongly the term Bikini to address an article from Givenchy. The Réard shop, 9 avenue de l ’Opera , specializing in 1 or 2 piece swim-suits reminds us it is absolutely forbidden to use the name “ Bikini” or its derivatives related to whatever article which it did not produce. (..) Louis Réard is therefore the sole and only owner of this registered brand, no licence having be granted to anyone.
NB: Nuits de Satin is looking for any information, document, catalog, letters …..in order to improve Louis Réard ‘s biography. Thanks in advance!